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Quel devenir pour l’agriculture irriguée au Maroc, Face à la raréfaction des ressources en eau ?

Updated: Oct 24

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Message clé. La préservation de l’agriculture irriguée requiert une réorientation vers la réallocation équitable des ressources, la gestion maîtrisée de la demande et l’instauration d’une gouvernance fiable, plutôt que le seul développement de l’offre. En associant efficacement les ressources conventionnelles et non conventionnelles à des règles d’allocation transparentes et équitables, le Maroc serait en mesure de pérenniser un secteur irrigué productif tout en consolidant sa souveraineté alimentaire.

 

Le pays entame une période de pénurie hydrique durable, ce qui impose une reconfiguration des politiques d’irrigation. Pilier de la sécurité alimentaire et de l’économie rurale, celle-ci stabilise la production, soutient des filières stratégiques (fruits, légumes, fourrages, lait) et crée des emplois. Mais la baisse tendancielle des ressources, la variabilité interannuelle et une succession d’années sèches sans précédent fragilisent le système : des dotations d’irrigation ont été réduites dans plusieurs grands périmètres, l’eau potable a été priorisée, et les exploitations se sont reportées vers les forages privés.


La pression sur les nappes a conduit à des déficits cumulatifs et une baisse des niveaux piézométriques dans des aquifères clés, avec des inégalités d’accès entre usagers des réseaux collectifs et pompages individuels. En parallèle, de lourds investissements sont engagés (nouveaux barrages, interconnexions, dessalement, réutilisation des eaux usées, premiers projets de recharge) et des chantiers de gouvernance avancent (contrats de nappes, amélioration de l’efficience des réseaux, suivi pilotage). Ces efforts marquent un tournant, mais restent insuffisants sans rééquilibrage des règles d’allocation et des signaux économiques.

 

Limites du modèle actuel

  • Réponse encore très axée « offre » (barrages, transferts, dessalement) sans refonte de la gestion de la demande et des droits d’eau.

  • Patrimoine de la grande hydraulique sous-valorisé faute de ressource garantie, engendrant le recours aux pompages privés et la surexploitation des nappes.

  • Coordination insuffisante entre politiques de l’eau, agricoles, énergétiques et climatiques ; arbitrages peu lisibles en période de crise.

  • Incertitudes sur la soutenabilité à long terme des transferts (volumes mobilisables, coûts énergétiques, partage des charges).

  • Tarification et mécanismes d’allocation reflétant encore mal la rareté, n’encourageant pas toujours la rationalisation, la flexibilité dans les choix des cultures et l’équité territoriale.

 

Recommandations

1.        Réformer tarifs et règles d’allocation pour des signaux clairs de gestion efficace de l'eau, avec protection des usages essentiels et des exploitations vulnérables (péréquations, tranches sociales, compensations).

2.        Repenser le lien AEP-Agriculture : privilégier l’AEP avec des ressources non conventionnelles (dessalement via ENR, réutilisation) et transférer plus d’eaux de su

rface vers l’irrigation et la recharge stratégique.

3.        Renforcer la gouvernance territoriale : articuler bassins, périmètres irrigués et intercommunalités ; espaces de décision transparents intégrant eau–agriculture–énergie–climat ; capacités et information renforcées.

4.        Assurer un accès sécurisé à l’eau agricole dans les périmètres collectifs (droits clairs, filets de sécurité en crise, mécanismes de partage/compensation) pour restaurer la confiance et accompagner les transitions.

5.        Accélérer la réutilisation et la recharge et rendre opérationnels les contrats de nappes : intégrer la réutilisation et la recharge aux schémas régionaux, lever les freins réglementaires/financiers, et appliquer des contrats de nappes effectifs (plafonds de prélèvement, priorisation des usages, contrôle proportionné et incitations).

6.        Intégrer l’empreinte en eau des cultures dans les politiques de filière et les arbitrages commerce/production : orienter les choix productifs, les soutiens et les chaînes d’exportation/importation selon la disponibilité locale de la ressource et la contribution à la souveraineté alimentaire.

7.        Généraliser des pratiques et technologies économes en eau : conduites culturales sobres, variétés adaptées, irrigation de précision et pilotage parcellaire, modernisation et réduction des pertes sur réseaux.


Pour en savoir plus, consulter :


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